Le métier de paludier : un savoir-faire mêlant passion et tradition

21 juin 2022

Depuis plusieurs siècles, le métier de paludier mêle savoir-faire ancestral, travail d’équipe et cadre idyllique. Une profession unique et attractive, enseignée à l’école des paludiers, qui forme chaque année de nouvelles recrues passionnées de nature et de traditions. 

Un métier hors du commun

L’école des paludiers

En 1979, alors que le prix du sel augmente et que les aspirants paludiers se font rares, une formation dédiée à la profession artisanale de paludier voit le jour : le BPREA saliculture. Son but est d’initier les futurs exploitants à l’entretien des marais salants et aux techniques bien précises de la récolte du sel à la main.

Dispensée à l’Ecole de Formation par l’Expérience en Agriculture de la Turballe, cette formation d’un an est un savant mélange de théorie et de pratique afin de favoriser une compréhension intégrale du métier et de la filière. Les paludiers ont à cœur de transmettre leurs valeurs d’entraide et de solidarité, indispensables au bon fonctionnement de la coopérative.

A l’issue de cette formation, les nouveaux diplômés viennent renforcer les rangs des paludiers. La promesse d’une grande autonomie dans l’organisation de son travail ainsi qu’une vraie connexion avec la nature, dans un environnement préservé.

Une grande diversité de profils

Il n’y a pas d’âge ou de genre pour devenir paludier, cette profession est ouverte à tous les passionnés de travail manuel et de grand air. La coopérative des Salines de Guérande regroupe plus de 220 paludiers de 25 à 55 ans, dont 30 femmes. Certains commencent leur activité en tant que saisonniers tandis que d’autres paludiers se découvrent cette vocation des années plus tard suite à un projet de reconversion.

Le sens de l’organisation, la détermination et une bonne condition physique sont des qualités indispensables pour exercer le métier de paludier”, nous explique Thibault, paludier depuis déjà 10 ans au sein des marais de Guérande.

Un vocabulaire technique et riche 

Ce métier passionnant possède son propre vocabulaire, héritage d’un savoir-faire vieux de plusieurs siècles. Voici une liste des mots pour débuter :

Pour la saline

  • Œillet : bassin de cristallisation et de récolte du sel
  • Mulon : tas de sel déposé sur les bords des salines après récolte
  • Pont : délimitation en argile entre les bassins
  • Ladure : plateforme de stockage de la récolte d’un œillet
  • Fare : premier bassin d’évaporation de la saline
  • Chaussage : mise à neuf des bassin des marais salants

Pour les outils :

  • Lousse à ponter : outils en bois utilisé pour reformer les ponts au printemps
  • Houlette : pelle utilisée pour nettoyer les vasières, les étiers et enlever ou déplacer l’argile
  • Lousse à fleur : ramasser la Fleur de sel lors de la récolte
  • Las : récolter le gros sel au fond de l’œillet sur le sol argileux
  • Bouter : repousser la vase vers les bords des bassins pour les nettoyer
Un travail différent au fil des saisons

La période de récolte : courte et intense

Intense, la saison de la récolte est plutôt courte. Elle dure en moyenne 40 à 45 jours par an, lors des périodes les plus chaudes de l’année, c’est-à-dire le printemps et l’été.

Pour une bonne récolte, tout est question d'organisation et de timing : le sel doit être prélevé sans attendre, quelques heures après sa formation. Ainsi, chaque paludier s’entoure de 3 ou 4 saisonniers pour l’épauler dans sa tâche (cueillette de la Fleur de sel, portage du Gros sel)

Quelques chiffres :

Il faut au minimum 210 grammes de sel par L/d’eau pour obtenir un sel de bonne qualité. Chaque année plus de 12 000 tonnes de sel sont récoltées par les adhérents à la coopérative. Une fois récolté, le sel est déposé en mulons autour des salines puis emmené à la coopérative, qui se charge de le stocker et de le commercialiser.

Le reste de l’année dédié à l’entretien et à la préparation

Entre les périodes de récolte, le travail ne manque pas. L’entretien et la préparation des salines demandent beaucoup de temps, de précision et de patience. En effet, chaque année, les salines sont mises à sec et la vase argileuse des fonds est utilisée pour reconstruire les ponts qui s'abîment durant l’hiver. 

Cette période renforce les liens entre paludiers qui s’entraident et travaillent ensemble au bon fonctionnement des marais.

Tous les 20-25 ans, le chaussage des œillets a lieu. Les paludiers se regroupent en équipes pour remettre à neuf les ponts et les fonds des œillets qui ne sont plus en état de fonctionnement. Cette activité a lieu en dehors des périodes de récolte, généralement de l’automne au printemps.

Pour découvrir le métier de paludier, rendez-nous visite pour nous observer à l'œuvre et vous immerger dans notre environnement de travail”, conseille Thibault aux futurs paludiers.

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