Le métier de paludier : une formation unique au monde

24 novembre 2021
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Ouest-France est parti à la rencontre des paludiers de Guérande pour vous dévoiler tous les secrets de ce métier, de la formation à l'exercice de la profession. Damien Bersihand vous fait part de son expérience d’apprenti puis de paludier en plein cœur des marais salants de Guérande. Chaque année, des dizaines d’apprentis viennent compléter l’équipe de paludiers expérimentés qui partagent avec eux leur passion et leurs savoir-faire.

Découvrez leurs méthodes bien précises pour récolter le sel, un véritable travail d’orfèvre.

Guérande. Une formation de paludier unique au monde

À Guérande, au pays du sel, la coopérative des paludiers incite les futurs installésàpasser par la formation de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Encadrés de l’apprentissage à l’installation, les nouveaux paludiers coopérateurs bénéficient d’un suivi sur le long terme. 

En 1979, alors que la transmission autour du métier se perdait et que le prix du sel baissait sous l’influence des négociants, les paludiers issus d’un groupement de producteurs de sel de Guérande ont mis en place une formation professionnelle à destination des futurs exploitants de salines. Aujourd’hui dispensée en douze mois à l’ÉFEA (École de formation par l’expérience en agriculture) de La Turballe, la formation permet à ses apprentis d’obtenir un BP REA Saliculture.

Damien Bersihand et son ancien maître de stage Yann Gouret dans les marais salants de Guérande.
Damien Bersihand et son ancien maître de stage Yann Gouret dans les marais salants de Guérande.

Depuis, sur les bases du groupement de producteurs existant, la coopérative Les Salines de Guérande, a vu le jour en 1988. Elle regroupe aujourd’hui 224 paludiers sociétaires dont chaque membre possède ainsi des parts sociales. 

Former, installer et encadrer

« L’objectif de notre coopérative est que chaque adhérent vive correctement de sa production et la meilleure façon de l’intégrer est de passer par la formation. », explique Yann Gouret, paludier adhérent des Salines de Guérande.

Pas moins de 14 équipes, appelées de « chaussage », œuvrent chaque année à la remise en état des salines et à l’accueil des stagiaires. Ces derniers sont suivis jusqu’à ce qu’ils vivent correctement de leur production, soit pendant environ quatre ans. Épaulés par un maître de stage, les apprentis sont à la fois formés sur les aspects techniques du métier du sel et aux problématiques de gestion d’une exploitation (comptabilité, élaboration des contrats de saisonniers, etc.).

À son installation, le jeune paludier peut accéder au nombre d’œillets qu’il souhaite dès la première année. Les paludiers coopérateurs peuvent louer des salines appartenant à des propriétaires privés et à un groupement foncier agricole, et le réseau mis en place par la coopérative permet de répartir les marais en fonction des demandes et notamment du turnover des départs en retraite. 

Une mutualisation des ressources

Gérée par un conseil d’administration, la coopérative comporte de nombreux avantages pour les paludiers. En effet, l’ensemble des ressources est mutualisé : les stocks de sel tout d’abord qui sont mis en commun, mais aussi assurés et sécurisés, mais également le savoir-faire et les moyens techniques. Ainsi, chacun travaille en coopération puisque les paludiers ne sont pas concurrents entre eux. Le prix du sel est fixé chaque année par le conseil d’administration et assure ainsi aux paludiers un tarif d’achat garanti et des revenus stables. 

Les bénéfices de la coopérative sont en partie redistribués et en partie réinvestis. Le conseil d’administration est épaulé par un directeur général et une équipe de 65 collaborateurs, renforcé par un partenariat avec L’ESAT de Lényphen où 20 personnes travaillent en permanence avec la coopérative. « La coopérative travaille localement et cherche à rayonner sur son territoire. C’est un vrai réseau où tous les acteurs du marais se rencontrent et échangent », souligne Yann Gouret. 

 

Le regard de Damien Bersihand

Damien Bersihand, 28 ans, a suivi la formation en 2019 et s’est installé en 2020 sur 63 marais.

« À la suite d’une saison dans les marais salants, j’ai eu l’occasion de récupérer une saline. J’ai été indépendant pendant deux ans, puis j’ai décidé de rejoindre la formation et la coopérative suiteàma rencontre avec Yann qui est devenu mon maître de stage. Le gros avantage que j’y ai vu, c’est d’avoir pu m’installer dans de bonnes conditions. C’est une qualité qu’on ne trouve pas ailleurs. Le sel a besoin de 18 mois de séchage et la production des premières années de l’exploitation des salines, ne peut donc pas être vendue tout de suite. Mais la coopérative par sa mutualisation des stock, permet de nous rémunérer dès la première année, c’est un effort réalisé par les anciens pour les plus jeunes. La coopérative assure les meilleurs revenus de la presqu’île et aujourd’hui mes premiers résultats sont supérieurs aux prévisions. »

Crédits : Ouest France

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